Sémio ou Muséo..

Je commence à désespérer. Pourtant, tout allait si bien dans ma vie. Mon couple n'a jamais été aussi en forme, je suis heureuse et mes deux ans de couple à vivre à l'Halloween sont les meilleurs. Pourtant, je vois que je recommence à sombrer. Rien de trop gothique ou tragique, juste désespérant. Je croyais vraiment avoir fait le point dans ma vie, avoir vu jusqu'où j'irais, enfin une belle ligne droite et mince dans l'avenir, juste à moi. Mais non, fallait que j'ajoute des doutes. Je souhaiterais la béatitude ignorante. Mais c'est pas le cas. Je dois encore me ronger à savoir qui je suis, où plutôt qui je veux être, parce que ça l'air que ça ne se fait pas tout seul. Pourquoi est-ce que je ne pourrait pas vivre sans le vouloir. Vivre hors de ma portée, ça serait plus facile. C'est terrible. Devoir choisir maintenant ce que sera son futur, pas de chance de revenir, parce qu'après on est déjà trop vieux, même si on regrette. Alors je vais où, moi, dans mon avenir. Je fais quoi. Je fais quoi si j'ai trop de choix, que j'ai envie de tout mais que déjà la vie est trop courte et j'ai quand même autre chose à m'occuper que mon futur. J'ai des réalités quotidiennes maintenant, des devoirs ménagers, plus de possibilité de vivre sur des nuages, du moins pas à long terme. Faudra donc que je me décide. Deviendrai-je une grande intellectuelle ou une grande intellectuelle ? Oui, mais quel type d'intellectuel. Du moins, je sais que je me vois déjà en tailleur Chanel sur une grande scène à me faire applaudir par des tas d'hommes assis sagement en complet-cravate. Et moi à débiter de l'érudition. Puis frayer avec un verre de champagne à la main, en faisant bien attention de ne pas laisser de trace de rouge à lèvre (dans cette classe, on ne peut plus porter du gloss) sur ma coupe, parce que ça enlève toute la crédibilité, ça attire trop l'attention. Alors, je choisis quoi dans cette vie ? À côté, quoi mettre le lendemain est le casse-tête le plus facile.

Un teint de pêche.

Dans de nombreux magazines féminins (surtout), on traite de la superwomen, la mère qui fait tout, qui veut tout faire, de la méga carrière à l'amante géniale à la mère impliquée dans la vie de ses enfants et le bénévolat. On s'en fout un peu parce que ces femmes sont stupides de se laisser accabler par la pression alors qu'un bon coup de shopping leur remettrait les valeurs à la bonne plce. Parce que si on a l'air parfaite, on n'a pas besoin de l'être, les autres croient que nous le sommes, alors ça vient par le regard, et donc plus besoin d'agir autant. Mais voilà mon problème : je suis atteinte. C'est terrible et j'en suis consciente. Pourtant, je n'ai pas d'enfant, pas de carrière, presque rien. Mais je suis pauvre, je ne peux plus avoir l'air aussi idéale que je le voudrait. J'ai donc l'impression qu'il faudrait que je le sois vraiment. Que ma vaisselle soit faite. Que je mijote toujours de bons petits plats, que mes résultats scolaires tapent tous des A+ et que je sois la meilleure secrétaire juridique au monde. Et que j'aille au gym au moins trois fois par semaine (mais ça c'est plus facile à tenir parce que je croise plein de gros culs dans la rue). La pression monte, et je ne tiens que par le jeu compulsif, je m'achète un billet de 649 à chaque semaine, dans l'espoir d'être multi-millionnaire, enfin, parce que ça m'irait si bien. Je n'ai toujours pas gagné. La vie est vraiment dure avec moi.

Tourner.

J'ai encore mis ma petite culotte à l'envers aujourd'hui. Je n'y arriva pas. Au moins une fois par semaine, et ça c'est quand je m'en rends compte. Je sais pas c'est quoi, le matin je suis comme aveugle. Aujourd'hui, je me disais bien qu'elle était spéciale, cette petite culotte-là. Mais j'ai compris qu'au cours de l'après-midi, vivant un certain inconfort. Au moins, ce n'est pas apparent.

Le nécessaire.

Mes cheveux sont vraiment dus. J'ai presque l'air hippie.

J'ai peur de me faire googler.

Googler, googeler, googeliser, whatever. J'ai peur.