Ze manoir

jeudi, juillet 21, 2005

Quand le poète promène son chien.

Rêveuse grande ouverte au soleil, c'est là que je m'aime le plus. À me transporter danseuse sur une musique que j'entends toute seule, que je compose. À même plus savoir si se suffire, si quoi qu'yest, nan, juste danser sur la petite musique, rêveuse. Les yeux au loin (au dessus des maisons je disais avant), saisir les formes d'air à caresser. C'est peut-être s'isoler total dans ma bulle, mais c'est si beau, en jeu d'harmonie. Le petit matin file souvent cette impression. Lever quand ya rien qui bouge, croiser le poète qu'on lisait deux instants plus tôt. Lancer des regards. Espérer semer le doute. Et partir en dansant.
Parce que ce qu'ya de merveilleux dans les regards, c'est qu'ils signifient tous quelque chose, avec talent on peut tout dire, tout parler d'expression. Mais aussi, c'est ne rien dire et filer à l'interprétation. Là encore, c'est question de travail, d'habitude. Je le réfléchis pas réellement, pas posément, c'est presque tout naturel faudrait dire, mais quand je peux, j'ai toujours le regard libidineux. Avoir dans les yeux tous les fantasmes possibles, les jouer en gradation, jouer j'te touche j'arrête, plus toujours plus loin, plus fort. Je le veux pas nécessairement. Mais j'essaie toujours de parler en regard, parce que ça risque tellement de plus satisfaire qu'un mot. Parce que je sais pas bien parler. J'aime pas parler. C'est pas posé. C'est pas clair. Suis toujours tellement confuse. Surtout quand suis rêveuse.
Sans mot. Sans son. Mes fredonnements. Mes ongles qui grattent. Une contre-basse tapage nocturne. La lune étouffée. Les cils. Ils se rabattent. L'oeil tourne, sec comme la pointe d'un compas. Bang. C'est raide. Ça s'ouvre. Des éclairs. Bang. Un coup de poing. De dos. Cheveux furtifs qui masquent. Elles lèchent les coins. La prunelle sensible. On joue les précieuses. Ou tout simplement. Je joue la larme de mes doigts. J'ai dit je pleure avec mes mains.

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Pour s'incliner

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