Criser c'est les fondations du manoir.
Party de famile hier soir. Discussion avec tantine. De moi qui écrit. Moi qui me verrais jamais écrire quelque chose en voulant le publier. Jamais aller faire l'effort pour me faire accepter sous des presses. L'argent, on s'en fout. Elle hoche. La reconnaissance, c'est nan ultime. Elle ose même pas effleurer le contraire, suis trop vaillante sur l'idée. Pas de désir d'entrer dans l'argumentation stupide. Tout le monde apprend vite que j'ai toujours raison. Comme ils me répettent tous, c'est vouloir passer un message, avoir quelque chose à dire au monde. La certitude que ce qu'on écrit devrait être lu par quelqu'un. Qu'en quelque part, yaurait bien une personne à qui ça changerait d'un peu. Valoir sa rotation de Terre, s'arrimer à la Lune pour lancer soi aussi une petite vague. Et ça je l'ai pas. J'ai pas envie de filer des mots pour les autres. J'ai peut-être pas assez l'amour couvant du prochain, j'ai peut-être trop le narcisse en fleur de peau. On verra avec le temps. Mais tantine pigeait pas. Malgré tous mes bons arguments, elle persistait. Parce que dans son tête, si on passe son temps à écrire comme c'est mon cas, je peux pas juste laisser traîner ça sur la table, sous mon lit, aux coins en oubli. Naturellement, publication. C'est ce que tout le monde fait. C'est la voix normale. Pourquoi penser plus loin? C'est comme si je décidais de finir mes études, après un job pas si mal, après le mari, les deux enfants et vlan dans la maison en banlieue, le colley et la minivan (bien que la minivan.. mmm..). C'est tout naturel, tout tracé, tout le monde le fait. J'ai pas décidé de réfléchir et penser pour m'engluer dans du non-sens mais commun. Suis trop égocentrique pour suivre la masse. Et puis l'écriture, c'est ma stupidité la plus grande, c'est mon emplie de superstitions le plus intense. À prix d'efforts comme dix-huit journées de blade sans arrêt, j'ai réussi à désacraliser les mots sur la page. Chaque mot, pour moi, devait avait avoir une valeur ultime, excellente. Maintenant j'admets mes gribouillis illisibles. Mais je me limite encore qu'à la simple création et me pousse pas jusqu'à l'oeuvre. C'est la différence. J'exige rien de complet. L'ensemble devrait peut-être signifier trop alors je plante. Je bouge pas je mumure dans un marais. J'entends les mouches qui me font chanter des airs pas possible, mais je me vautre comme la grenouille à l'hiver, sans l'envie du soleil chaud. Sans avancer. En refusant de sortir ma peau de sa glaise, en cachant la beauté douceur sous le grossier du ponce. Les livres, des livres trop jeune, trop tôt, trop multiple pour que l'équilibre soit pas chancelant. Pour que je fasse pas de cas.
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Pour s'incliner
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