Comment se sentir vivre?

Le temps passe et la peinture avance chez moi. Je suis assez contente, je n'ai pas de talent, mais ne suis pas trop moche non plus. Ça m'amuse en fait. Et plus que tout se range chez moi, comme il se doit, je regarde avec ce désir de tout changer, d'avoir l'âme d'une décoratrice et d'aller fouiner les boutiques qui longe mes rues pour dénicher les trouvailles et exposer d'une fierté mon appartement croche. Mais je suis pauvre et je devrai tout créer par moi-même, tout construire avec la patiente qui colle l'ensemble. Au moins, même avant d'avoir complété ma fameuse courtepointe crochetée déjà vieille de deux ans, je prévoie me remettre dans mes goûts d'artisanat. Passer l'été à broder un couvre lit immense, broder de milliers de petits détails pour faire encore mieux que le toiles. Mon premier monument à la patience. Ma seule façon de créer quelque chose en l'absence de talent manuel, de talent artistique. Faire sauter ce bouchon entre les images et l'exécution, la mise en application. La technique. Un projet pour me tenir occupée un temps, passe que mes anciens plaisirs sont au repos, que je suis trop pauvre pour faire du shopping comme j'en aurais envie, et qu'il me faut du temps pour oublier ce goût qui me triture. Travailler ce fabuleux contrôle de soi.