Ze manoir

jeudi, septembre 08, 2005

De nos rêves exiguës.

Une fois de plus je t'écris un morceau de lettre. Une fin de lettre. Je t'écris pas le début, c'est trop connu, je t'écris rien de contenu. Je suis juste capable de signer notre mort, inlassablement. Encore une fois je te crache au visage avec mes mots, je t'envoie ma haine, je répugne ta présence. Encore une fois je te finis une lettre par la destruction, la plaie qui m'habite qui suppure sur notre mémoire.
Je t'ai créé mon amour comme tout autre, avec la passion des débuts, avec l'amertume décisive de la fin, et toujours ces lettres qui nous éloignent. Je t'en veux, c'est certain, d'être parti sans rien dire, sans rien m'informer, en me laissant seule, sans rien savoir. En vivant sous ton règne de blanc. Je t'en veux d'être encore plus loin que je t'avais créé. De t'être perdu de moi. Tu es plus profond que mon ignorance. Tu mérites pire que mes pauvres lettres de fins, morfondues.
Je me suis donnée les mêmes passions que toi. Je suis devenue ta pareille. Je t'ai plagié jusqu'au profond de ta moindre cellule. J'étais là. Je suis là. J'ai fait l'idéal jusqu'à ton monde. J'ai perdu mes passions à tes doigts.
À chaque lettre je prends la chance qu'on nous découvre. Qu'on nous mette ensemble, une fois pour toute. Qu'on nous rapproche jusqu'au savoir. Je prends la chance que ma supercherie gagne. À chaque lettre, je nous risque un peu plus de ma folie, je tends la mince ligne de mon subterfuge.
Bien sûr toute notre histoire est là, belle, tragique. Je suis la pauvre qui ventre à terre t'a couru aux mollets. Je suis la terrible romantique forcenée qui s'invente des histoires de petite fille de onze ans, dans son petit lit. Des histoires de fleurs et de coeurs, avec quelques baisers, c'est certain. Romantique à mes histoires rose bonbon, toutes dégoulinantes de cliché d'amour. Notre histoire qui rend mon petit coeur un peu moins froid, un peu moins dur.
Moi qui t'ai inventé de toute pièce d'un amour sublime pour pouvoir dire, moi aussi, que je connais l'amour. Pour pouvoir crier sur les toits, moi aussi, que j'aime à la folie éperdument. Pour raconter que sous mes couches de terreurs, j'ai bien un petit coeur un peu chaud et un peu mou, qui attend toujours le retour de mon amour bien à moi, mon petit homme, mon passionné, mon toi. Je t'ai façonné pour la réplique, comme acteur secondaire, comme argument au besoin. T'as disparu. T'as répondu à mon besoin d'être triste parce que mon homme ne reviendra peut-être plus, il ne le savait pas, il n'a rien dit.
Je t'ai créé de toute pièce pour ne pas être laissée pour compte, moi non plus. Pour proclamer savoir aimer, moi aussi. Je les aimerai tous comme toi tu aimes. Jusqu'à ton retour. En attendant, je ne peux que t'écrire des lettres de fins. Pour te cracher ma fureur. Pour oublier comment j'ai peur qu'on nous retrouve, ensemble, perdu dans mon imaginaire.

3 Révérence(s):

  • Je m'excuse à toi pour les erreurs passées. Ce texte est ce que trop de filles auraient pu me dire. Maintenant, je comprends...

    Par Blogger R-ami, à  12/9/05 13:09  

  • Mais pourquoi s'excuser à moi?
    Je ne comprends pas quelles erreurs..

    Par Blogger reine laurence, à  13/9/05 20:43  

  • d'avoir accepté... accepté de devenir important au point de s'oublier comme entité.

    Bref un texte qui mérite une longue vie.

    Par Blogger R-ami, à  14/9/05 01:30  

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