La mathématique.
Ce soir je suis morte, trop de fois encore. Retour à la maison. Surprise, léger choc, déstabilisation. Retour sans la routine familliale, sans le souper chaud sur la table. Seule mon manger et moi, on s'écrase devant la tivi, on se réchauffe sous les couvertures, je réfléchis surtout, la tivi n'a pas la qualité d'occuper mon esprit. J'entends quelques phrases et mon esprit bascule. C'était en place, restait qu'à déclancher. J'ai dans la face comment j'ai peur face à l'immensité des problèmes qui nous rongent, des problèmes qui sont partout présents, la société, blablabla. Je vois la difficulté d'atteindre les idéaux, voire l'impossibilité, je vois surtout comment si je prends tout ça à coeur, je ne réussirai sûrement pas seule, et encore moins de mon vivant. Je me demande comment les idéalistes, les militants à plein temps font pour survivre sans craquer aux trois jours face aux petits échecs. Ils doivent se saouler aux cris de guerres. Aux activités incessantes. C'est trop gros et je me sens faible, impuissante. Seule et sans appuis, mais c'est ma décision. Je regarde les possibilités, tout ce qui se trame, et c'est pire que tous les algèbres, je voudrais être capable d'établir l'équation, de réussir cette optimisation qui serait le plan gagnant. Mais chacun a son utopie. Réunir les cerveaux en un point concentrique de l'univers est la plus grande mathématique jamais servie. Je voudrais m'y attaquer. Mais je tremble comme ces peupliers les jours de grands vents. Ce soir la reine est bonne(lacruautéestsidouce). Elle s'est tuée trop de fois encore.
3 Révérence(s):
à chaque réplique télévisuelle, à chaque paragraphe d'un pourtant pas trop mauvais roman, perdre le fil. Se trouver à divaguer, ou trouver le monde divagant, de décoration intérieure extrême en histoire d'amour futile... L'histoire du monde est en deux tômes qui ne se succèdent pas mais ce côtoient. La Vérité et Le Quotidien. En marge l'un de l'autres, ne racontent pas la même histoire... Chaque minute est si mal construite, si dérisoirement illusionnée, qu'on en vient à se demander qui d'eux ou de nous s'illusionne. J'arrive chez moi. Seul. pas de coloc. passai-je deux ou trois heures à me bâtir un repas digne de ce nom, j'y ai mis des étages et j'ai abandonné avant le crémage, en pensant à la grève qui n'aura pas lieu à l'UdeM, parce que la solidarité fait partie de La Vérité. Pas du Quotidien.
Ouais. Y'a du monde qui se battent. Qui se battent à mort. Ils sont beaux. Forts. Et heureusement inconscients. Inconscients que même les victoires, en somme, n'y serviront rien. Il y a trop de combats. Trop de monde infiniment mauvais pour nos petits combats infiniment dévoués.
Te dire, Reine Laurence, comment on s'est fait fourrer, depuis notre plus tendre enfance. Le monde nous encule. Pardon. Nous abuse.
Tu te souviens, Reine Laurence, de la petite école et des cours d'enseignement religieux? De Jésus qui t'aimait? Qui te demandait d'aimer ton prochain pour aller au ciel? Qui te disait de partager? Le gars a fini cloué sur son 2x4.
Dans le fond, les prochains, ils en ont rien à fouttre de moi de toi et de leurs propres prochains. Alors ouais, moi j'ai cru que ça se pouvait, tout ça.
Pas Jésus. L'idée. Mais entre les valeurs humaines qu'on enseigne aux enfants et le quotidien des mêmes humains il y a une CALICE de marge. Et ça, ça m'écoeure assez pour cesser de me botter le cul à rendre le monde plus beau. Qu'il éclate, le monde.
Constat d'échec. image d'un sac de sable accroché à une balloune à l'hélium qui pète au soleil. chute longue et essouflante. kaplouf. noyade, puis, au fond de l'eau, avec le reste du sable. La vérité, celle qu'on apprend en dessous d'une coquille d'huitre en jasant avec un autre grain de sable, c'est que même quand elle pète pas, la balloune, elle se dégonfle, et
retombe. c'est pas hermétique, une balloune. Aucun
rêve ne l'est.
J'étais content de croiser au hasard... tes mots. Je me suis senti moins seul à ressentir le même désespoir. Et je me surprends à t'écrire, suivant les règles de La Vérité que je dénonçais pas plus tard qu'hier : les gens préfèrent raconter comment eux ont échoué plutôt que d'aider à réussir. Même moi.
Avec tout mon égard, majesté.
Par J. Walters, à 5/3/05 20:28
Merde Jp tu déferles. En vrai tu parles moins que ça.
Par Anonyme, à 7/3/05 13:48
Cousin!
En vrai... On se connait?
Par J. Walters, à 8/3/05 03:33
Pour s'incliner
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